Bien le bonjour ! Si tu es là, j’imagine que tu te demandes comment un petit belge au visage si poupon voyageant depuis maintenant 4 ans en est arrivé à créer et vivre de son propre blog voyage. Question légitime, je ne suis pas vexé.
Recevant parfois des questions sur mon parcours, mais aussi et surtout sur les raisons qui m’ont poussé à quitter mon boulot pour un aller simple pour l’Australie, je me suis dit que résumer tout cela ici serait bien plus simple.
On me demande aussi régulièrement comment j’ai fait pour devenir le blogueur voyage le moins influent d’Europe, mais ça reste mon petit secret (je tiens à mon titre).
Pourtant pas le profil du parfait blogueur voyage
Ce visage de pur aventurier
Je n’ai pas le profil type de l’aventurier à la barbe bâclée et virile, pour la simple et bonne raison qu’à part mon petit bouc timide et ma moustache de jeune ado, rien ne pousse sur les côtés, ça me blesse au quotidien, mais je m’y suis habitué et mise dorénavant tout sur ma chevelure sauvage.
Je ne suis pas non plus le photographe professionnel qui peut te dire quel objectif utiliser pour capturer une antilope se profilant à 212 mètres en tenant compte de la luminosité et des couleurs incroyables de ce coucher de soleil namibien.
Non, moi je suis le petit gars qui, alors qu’une vie d’employé modèle passant 8 heures par jour devant son pc se profilait devant lui, s’est dit qu’il aspirait à autre chose.
Je suis devenu ce qu’on appelle un « backpacker ». Je me suis rendu compte que j’étais souvent plus épanoui ailleurs. Quand tout ce que je possédais tenais dans mon sac à dos.
Car c’est souvent dans ces périodes de ma vie que je me sentais le plus vivant, que je vivais des choses marquantes, que j’étais maître de mes décisions, de ce qui m’arrivait. Et non ce fameux « quotidien » (dans lequel beaucoup s’épanouissent et trouvent leur bonheur, mais moi, pas spécialement).
Petit à petit, j’ai pris gout à l’écriture et au partage de mes aventures de voyage. D’abord sur Instagram, ensuite via ce blog.
Bref, rentrons dans le vif du sujet !
Du marketing au backpacking (je l’ai bossée celle-là)
Je vous épargne la partie vie estudiantine, ça boit, ça sort, ça bosse parfois, mais ça obtient son diplôme quand même. Un fait marquant restera un stage de 3 mois et demi à Miami, aux USA, qui aura été mon premier « long voyage » de plusieurs mois.
Diplômé en marketing à Liège en juin 2013 (bachelier, trop flemmard pour un master), j’ai trouvé un bon job dans une grosse boite de web-marketing basée à Bruxelles pour laquelle j’ai signé un CDI démarrant en novembre 2015. Le Graal pour tout étudiant fraichement diplômé, bon paquet salarial, perspective d’avenir dans la boite, etc.
Nusa Penida, Bali
Étant intéressé par le web, c’était d’autant plus une belle opportunité.
C’est marrant, car à cette époque, je n’étais absolument pas intéressé par le monde du voyage. Je partais en vacances avec des potes quelques fois par an, rien de plus.
Je ne fais pas partie de ceux qui ont grandi avec cette passion, ça sonnerait mieux pour l’histoire, mais très honnêtement, je ne connaissais même pas les visas PVT / WHV, et ne connaissais rien de l’Australie, si ce n’est que les kangourous avaient l’air cool.
Le premier job, le début de la gloire
Le début est cool, l’excitation d’avoir son premier vrai job, on se dit qu’on a « réussit » (haha je relativise tellement sur ce qu’est « reussir » dans la vie aujourd’hui). Puis c’était pile dans ce que je cherchais, marketing, web, réseaux sociaux.
Puis ces premiers salaires, est-ce qu’on en parle ?! Passer de la vie d’étudiant fauché à recevoir autant d’argent sur son compte en banque tous les mois ? Tu te prends pour Crésus, tu peux acheter sans faire « trop gaffe ».
Bref, le sentiment d’accomplissement ainsi que les premiers salaires sont une sorte de sensation plutôt agréable.
Puis la routine s’installe, doucement, mais sûrement
La première année passe, c’est pas fun de se lever tous les jours à 6h00 pour chopper le train, d’autant plus que c’est plus comme les cours, la grasse mat’ et rater une matinée n’est plus une option.
Après un peu moins d’un an, on se prend un appart sur Liège avec mon meilleur pote.
Bien que la vie en collocation est plus fun, la routine s’installe, je prends ce fameux train de 07h04 tous les matins pour rentrer à 18h30-19h tous les soirs. Ce qui laisse assez peu de temps pour des à-côtés, en semaine du moins.
Non, ce n’était pas mon train pour Bruxelles ! (Celui-ci c’est au Sri Lanka, un peu plus exotique)
Je prends sur moi un temps, mais ce qui restera pour moi un fait marquant et qui motivera davantage ma décision sera de voir que, tous les matins, sans exception, les gens attendent exactement au même endroit sur le quai.
Être dans les premiers à monter à bord et avoir sa place à côté d’une fenêtre pour dormir et récupérer une petite heure de sommeil est l’objectif matinal de tous.
C’est ça la vie ? Le quotidien ? Voir ces visages sans aucune once d’expression, de vie, juste être là, parce qu’il le faut, avec nos bêtes gueules du matin ? Passer une heure et demie chaque matin dans ce train pour aller passer 8 heures dans un bureau. Puis fin d’après midi, revoir ces visages, qui n’ont pas changé depuis la matinée, monter à bord et dormir, encore.
Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, essayez la routine… Elle est mortelle !
– Paulo Coelho
Et le lendemain, répéter le même procédé. Et le surlendemain. Et encore. Une sorte d’armée de robots bien réglés, mais déprimés.
Et ce, 5 jours par semaine, 11 mois par an…
En même temps, on n’a pas le choix, j’avais un loyer, des factures et des frais divers à payer, et l’engrenage de la société moderne prend forme.
J’avais 24 ans, un des quelques jeunes à faire leur entrée dans le balai quotidien des trains pour Bruxelles, la plupart étant dans la quarantaine, cinquantaine et en les regardant, je me suis vu, dans 10, 20 voire 30 ans, et c’est là que j’ai eu ce déclic.
Luang Prabang, Laos
Certains ont surement une femme, des gosses, alors oui, certains y trouvent leur bonheur. Et encore heureux !
Je pense cependant, si je suis très honnête, qu’il y a une sorte de compétition malsaine à prétendre « être heureux » les uns face aux autres. Admettre face à son entourage que globalement, ton taff t’emmerde, ton quotidien n’a rien de fou et que tu n’as pas le choix serait une forme « d’échec » et de « honte ».
Encore une fois, tout le monde n’est pas dans ce cas-là, mais je pense qu’il y a une part de vérité tout de même dans notre société « moderne ».
Bref, pour en revenir à moi (#égocentrique), j’ai commencé à lire des articles de blog qui m’ont fait découvrir le PVT? l’Australie (d’où le fait qu’aujourd’hui recevoir des messages de personnes me disant que mon blog et ce que je partage les ont poussés à sauter le pas, c’est incroyable pour moi, vraiment). Puis je suis tombé sur des vidéos, d’Alex Vizeo notamment, qui m’auront énormément inspiré à voyager.
Je pense aussi qu’il faut une certaine « âme d’aventurier » également pour se lancer. Voyager n’est pas fait pour tout le monde, et c’est loin d’être tout rose. Pour partir à 14 000 km’s de chez soi, seul, pour une durée indéterminée.
Mais je me suis dit que si après 2 ans de vie active j’en étais là, je n’avais certainement pas l’âme de l’employé modèle au quotidien bien rangé.
Quitter son job, plus facile à dire qu’à faire
J’aurais tenu 2 ans, 2 ans pour tester et voir ce que la vie active et considérée comme « normale » par la société moderne est. Deux ans où je me serai forcé à économiser, mois après mois.
J’ai aimé mon job, j’ai appris énormément, j’ai eu des collègues et des responsables géniaux. Devoir leur expliquer que je m’en allais, mais pas pour aller bosser ailleurs, était un peu délicat. Mais ils ont fait preuve de compréhension. J’ai fait mon préavis, et j’étais libre.
Durant ces 2 ans, j’ai réussi à économiser entre 12.000 et 14.000 euros, ce n’est pas énorme, mais j’en étais content. Pour moi, cet argent devait rester une sorte de sécurité « au cas où », cet argent resterait sur un compte épargne belge auquel je ne toucherai pas.
Certains partent en tour du monde avec une somme pareille, mais que leur reste-t-il à leur retour ? Je pense avoir besoin de cette sécurité. Si un jour voyager n’est plus possible, ou que j’en ai marre, cette somme me sera bien utile pour envisager mon avenir.
Je me suis demandé de combien j’avais réellement besoin pour financer mon début de voyager. Je me suis fixé un objectif de 2000 euros, et je m’y suis tenu. Puis l’aventure « voyager 2 ans (et demi!) avec 2000€ est née« .
Et cet argent est, 4 ans plus tard, toujours sur ce compte épargne (+ les intérêts, j’vous raconte pas la fortune).
Ha Giang, Vietnam
Réserver un aller simple pour le bout du monde
Donc je me retrouve donc sans job, de retour chez ma chère mère (le bail de l’appart ayant expiré), mais décidé à partir.
Depuis plusieurs mois, je m’informais sur les pays offrant la possibilité de voyager et travailler durant une année. Rapidement, l’Australie s’est avérée être la meilleure option pour moi (12 raisons de partir en Australie ici). Le pays en tant que tel fait rêver, j’avais des bonnes bases d’anglais, et je voulais partir loin, pour plusieurs mois et j’avais besoin de bosser en arrivant.
Réserver un billet aller simple pour une destination à 14.000km’s seul, c’est flippant. Je pense avoir décalé l’achat pendant plusieurs semaines en prétextant vouloir suivre l’évolution des prix, alors que je me chiais juste dessus.
Ce fameux mélange d’excitation, d’appréhension, de stress, de « et si ça se passe mal ? Et si je ne rencontre personne? » que tous ceux qui sont un jour parti loin et seul connaissent.
Petite pub sans vergogne, c’est pour aider et encourager ces personnes qui passeront par là que j’ai lancé mes propres accompagnements PVT personnalisés pour les guider dans la préparation de leur futur PVT en Australie ou en Nouvelle-Zélande.
Bref, j’avais quitté mon job, la destination était choisie, ça sera Perth (pourquoi Perth?), je ne voulais pas vivre chez ma mère éternellement, j’avais économisé pour ça, il était temps.
Première auberge à Perth
C’est donc fin novembre que j’ai booké mon vol, et c’est le 20 décembre 2015 que je me suis envolé. Je suis parti seul, sans « aide », je m’étais renseigné au mieux sur les démarches administratives à faire une fois sur place, et j’avais simplement réservé une semaine dans un hostel proche du CBD de Perth.
2000 euros, vol et visa inclus (compter 1100 euros pour les deux), c’est donc avec un peu moins de 900€ que j’atterris, sans savoir ce qui m’attend.
Je me rappelle à quel point j’étais stressé, j’avais beau être informé, sûr de moi quant à ma décision, quand ça devient concret, tu remets tout en question, et c’est ce pas qu’il faut franchir. Tout est parti de là, je partais pour 6-7 mois, après quelques semaines, je savais que j’y passerais 2 ans, mais sans soupçonner que ça serait suivi de 6 mois et demi en Asie du Sud-est.
Rottnest Island, WA
Et puis ces 2 années et demie
Détailler ces deux années et demie et ce qu’elles m’ont apporté est l’un des objectifs ce blog voyage.
Tout comme expliquer ce tout ce temps à l’étranger m’a changé humainement. L’ouverture d’esprit, la découverte d’autres cultures/modes de vie, avoir du recul sur ce qui compte réellement, avoir une conscience écologique (oui, pas évidemment à associer au voyage, entièrement d’accord) ne sont qu’une partie des choses que m’ont apporté le voyage, sans oublier ce que j’ai appris sur moi-même.
Un bref résumé, car tout est détaillé dans l’article sur les 2 années avec 2000€.
Décembre 2015 à juillet 2016 (8 mois) : Premiers pas en Australie, premiers jobs, premières rencontres. Farmwork pour valider nos jours de ferme (obligatoire pour obtenir une deuxième année en Australie), achat de notre 4×4. Premier vrai (et indétrônable) roadtrip dans le Western Australia.
Fruitpicking Fam
Juillet 2016 à octobre 2016 (4 mois) : Retour en Belgique pour l’été, les festivals de musique (et renouveler mon passeport).
Comme expliqué précédemment, partir 6-7 mois était l’idée, mais je n’avais pas prévu les 2 ans, du coup mon passeport n’aurait plus été valide entre-temps.
Après être parti si longtemps, revoir ma famille, mes potes, était également une grosse motivation, mais le côté administratif du passeport était une obligation également. Donc j’ai joint l’utile à l’agréable, dirons-nous, puis c’était l’été à la maison, bon timing.
Je parle juste avant de conscience écologique, et un A-R Perth-Bruxelles va clairement à l’encontre de cela, c’est même tout l’opposé. Ma « prise de conscience » s’est développée petit à petit, principalement grâce à la rencontre de cette jolie Allemande timide quelques mois plus tard (qui désormais ma copine depuis lors), qui elle, était déjà bien plus consciente de tout ça.
Octobre 2016 à septembre 2017 (11 mois) : Retour en Australie, volontariat dans un refuge à kangourous. Et c’est là que j’ai rencontré Theresa, l’Allemande timide dont je parle juste avant.
Roadtrip le long de la côte sud-australienne. Melbourne et Sydney pendant 2 mois, puis un Road trip côte sur la côte Est. Et enfin, boulot dans la Daintree rainforest au nord de Cairns entouré de crocos et autres serpents. Pour économiser pour le voyage en Asie qui se profilait avec Theresa.
Septembre 2017 à avril 2018 (6 mois et demi) : Backpacking à travers l’Asie du sud-est avec Theresa, en passant par l’Indonésie, la Malaisie, le Vietnam, le Laos, le Cambodge, le Sri Lanka et les Philippines. En consacrant environ un mois par pays (moins pour le Laos et le Cambodge) en dépensant en moyenne 500 euros tout inclus par pays et par mois.
Kuala Lumpur, Malaise
Juin 2018 à septembre 2018 : rentré au bercail. Le retour fut bien plus difficile que je n’aurais pu l’imaginer. Je n’informerai personne pendant de mon retour durant les 2 premières semaines, impossible de voir qui que ce soit.
Le choc fut assez brutal.
Des personnes sont submergées par le bonheur de revoir leur proche et en « oublient » le retour. Moi ce fut l’inverse, réaliser que tout ce que j’ai vécu, vu, ressenti, prenait « fin » fut difficile à encaisser. Surtout face à ce sentiment de « ici, rien n’a changé, rien n’a bougé ».
Deux choses vont me faire remonter la pente.
D’une part, me lancer dans la création de ce blog (né fin juin 2018 suite aux questions récurrentes sur Instagram), écrire, beaucoup écrire, partager et revivre ce que j’ai vécu durant ces 2 années. Et tant qu’à faire, autant que ça serve à d’autres. La plupart des articles publiés ici ont été écrits durant ces premiers mois (je les ai retravaillés depuis, mais je n’ai jamais écrit autant qu’à cette période-là).
La deuxième chose, c’est la décision de partir faire mon 3e PVT, en Nouvelle-Zélande cette fois (après un stop d’un mois au Sri Lanka avec Theresa, car elle devait reprendre ses études).
D’octobre 2018 à juin 2019 : PVT en Nouvelle-Zélande donc. Nouveau défi, arriver avec 500€ en poche (ne le faites pas, haha!).
Je travaillerai pendant 5 mois dans une usine, perdu au milieu de nulle part, en vivant dans une caravane, pour économiser pour l’achat d’un van. Une des expériences les plus difficiles de ma vie, l’isolement, les 12h par jour, 6 jours par semaine m’auront rendu plus fort mentalement que jamais.
Posé devant ma caravane avec les responsables du camping qui étaient adorables !
C’était difficile, mais s’en suivra un nouveau road trip inoubliable d’un peu moins de 2 mois avec Theresa qui me rejoindra pendant sa pause d’unif. Ces 5 mois en auront tellement valu la peine.
La bonne vanlife des familles
De juin 2019 à aujourd’hui : retour, toujours difficile, mais mieux vécu, car j’étais décidé à prendre le blogging plus sérieusement, et à lancer ces fameuses offres d’accompagnement, dont l’idée est née dans cette fameuse caravane. Avoir des objectifs et des projets m’a clairement aidé à encaisser le retour.
Je me pose en Belgique pendant plusieurs mois pour me consacrer à 100% au blog et aux accompagnements, le but étant à terme de pouvoir vivre de ma passion et de son partage, peu importe où je me trouverai. Et dans la vie, il faut croire en ses rêves, et s’en donner les moyens.
Et un petit PVT au Canada se prépare en soum soum, jamais 3 sans 4, comme on ne dit pas.
T’as tout lu ? Bah bravo !
J’ai l’impression d’avoir vécu et appris tellement plus de choses ces 4 dernières années à voyager que durant les 24 premières années de ma vie.
En tout cas, ce qui est certain, c’est que je me suis bien plus senti vivant que si j’étais resté sur ce quai, à attendre le train de 7h04 tous les matins.
Merci de m’avoir lu en tout cas !
Talk soon,
Jérémy